L’art de concilier naturel et performance en parfumerie selon Delphine Thierry

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Delphine T :

J’ai voulu créer ma société afin d’accéder à une liberté de choix sur les projets, et ainsi pouvoir pleinement exprimer ma passion et ma créativité, sans avoir à composer entre des contraintes parfois antinomiques, et qui souvent brident les voies créatives.

Ainsi, j’ai pu accéder à des marques qui osent prendre des risques et qui définissent le luxe, le beau, plus par la beauté de la matière et l’unicité de leurs concepts que par la toute puissance de la communication.

Chaque projet est une aventure/un voyage différent, avec des sources d’inspirations multiples. Je me suis installée en pleine nature, m’imprègne de tout ce qui m’entoure et de ce que je vis pour créer les liens entre les émotions qu’évoque le brief d’un client et les traduire en parfum.

Cela peut même venir d’un livre qui a ce pouvoir de nous transposer mentalement même sur des ressentis ou des perceptions délicates et infimes ! Je convoque tous mes sens, allant du son, au visuel, au toucher. Tous les sens jouent un rôle dans un projet de parfum. Les sources d’inspiration sont vraiment très variées.

Delphine T :

Le premier défi se situe à mon niveau : comment réduire mon propre impact environnemental quand je conçois mon parfum. Je m’attache dans mes pratiques à adopter une gestion responsable aussi bien de mes matières premières que des « consommables », qui sont très nombreux pour un parfumeur.

Par exemple quand je me lance dans une série d’essais je la pense de façon à en limiter le nombre afin de n’utiliser que le strict nécessaire en pipettes ou en flacons, mais aussi en matières premières et en alcool, ce qui réduit également mes déchets liés au développement créatif.

Le deuxième défi consiste à formuler en sélectionnant les matières premières pour leurs facettes olfactives bien sûr mais en étant le plus respectueux possible du vivant, en considérant bien leur innocuité tant pour l’homme que pour l’environnement.

Manipulant moi-même des substances naturelles et synthétiques concentrées toute la journée, je commence donc ainsi par me protéger moi-même. Le défi s’étend aux contraintes imposées par le brief et la législation elle-même en vigueur qui est en perpétuelle évolution.

Concernant mon approvisionnement en matières premières, je travaille depuis la création de mon activité avec un partenaire Français, mondialement reconnu pour la qualité et la traçabilité de ses matières premières naturelles, le groupe Robertet, qui m’apporte toute son expertise et son support
afin de ne jamais transiger et de travailler en toute transparence.

Cela m’a permis d’accompagner l’émergence du naturel sur le marché depuis une quinzaine d’années sur une approche très qualitative, afin de sublimer le naturel et de le mettre en scène de la meilleure des façons. Aujourd’hui, latendance du 100% naturel est limitée car elle ne peut s’exprimer pleinement dans toutes les directions créatives et ne pourra pas forcément rivaliser avec des créations classiques faisant la part belle à certaines matières premières
synthétiques surpuissantes.

C’est pourquoi je recommande le plus souvent à mes clients d’aller vers une composition mixte, dans laquelle le naturel reste prédominant car il fait la noblesse, la complexité du parfum, apporte une vibration de l’ordre du « vivant », et s’accompagne de molécules particulières ayant un effet plus ciblé tant en direction qu’en performance et tenue, pour arriver à une composition homogène, équilibrée et performante.

Le défi réside également dans le fait d’accompagner le consommateur qui, même s’il dit souhaiter des parfums 100% naturel, il n’est pas encore toujours prêt à accepter le changement que cela suppose sur un plan hédonique. Il faut donc participer à cette sorte « d’éducation olfactive » !

Delphine T :

Cela dépend vraiment des filières d’approvisionnement. Par exemple, les filières européennes, qui sont très normées, apportent un gage de durabilité très robuste mais un choix moins large dans la palette de senteurs. Mon partenariat long terme avec mon fournisseur, dont le cahier des charges RSE est très complet, me permet de garantir un accès à une palette à la fois variée et durable. 

Mais j’ai aussi appris à me passer de certaines substances (jugées moins durables soit du fait d’une nocivité intrinsèque sur la santé, soit par leur mode de culture).

Au départ, je l’ai vécu comme une contrainte mais finalement cela m’a stimulée et m’a forcée à me « challenger » et innover encore davantage. Aujourd’hui, si je ne suis pas sûre de la qualité et de l’innocuité d’une matière première, je ne la prends pas. C’est une forme de sobriété stimulante.  

Delphine T :

J’ai l’impression que vous participez aussi à tenter de décarboner l’industrie de la parfumerie. C’est ce qui m’a plu en travaillant avec vous. Je me suis sentie en pleine confiance et la relation s’est très bien passée.  

Dans ce projet un peu particulier, la première étape consistait à découvrir la matière première, la ressentir avec un nez tout neuf pour m’inspirer et voir ce que je pouvais construire autour d’elle. Mettre une matière première au centre est une façon de construire un parfum que j’apprécie beaucoup. 

Ensuite, il a fallu intégrer les contraintes techniques pour un usage en bougie avant de chercher à vous proposer quelque chose de véritablement inédit ! 

Delphine T :

Je n’ai pas comparé ces produits à leur homologue synthétique, mais ils ont apporté toute la performance que je souhaitais. L’avantage majeur des produits proposés par AFYREN est de pouvoir les utiliser dans une formule naturelle. Cela élargit ma palette de senteurs accessibles.  

J’ai trouvé les deux bougies bien puissantes, avec un très beau rendu esthétique. Les bougies finales sont fidèles aux parfums qu’on a conçus au départ, tous les deux très différents. Dans les deux cas, on a utilisé des molécules que je ne pouvais jusqu’alors pas utiliser en 100% naturel ; les ingrédients fabriqués par AFYREN répondent à cet enjeu.  

La première bougie sur laquelle nous avons travaillé était basée sur l’acétate de vetiver qui apporte une senteur assez brute et boisée, terreuse et chaude. Le butyrate d’éthyle utilisé dans la deuxième bougie, est un produit assez régulièrement utilisé dans les parfums fruités. Même s’il n’est utilisé qu’à l’état de trace, il reste un élément essentiel de la formule. 

Si je pouvais rêver de certaines senteurs en version naturelle, ce serait sans doute le bois de oud, ainsi que des molécules à la tenue exceptionnelle : des notes ambrées, plus profondes, des notes aqueuses, iodées, marines. 

Delphine T :

Prendre part à ce projet, c’était vraiment l’occasion de faire bouger les lignes ensemble. J’ai beaucoup aimé que vous me sollicitiez pour ça, c’était une expérience à la fois stimulante et gratifiante pour moi. 

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